Vive la culture
“Pas de frontière entre les arts. Au contraire. Tous les gens dont je parle ici - et beaucoup, beaucoup d’autres - m’ont apporté quelque chose.” Avec la vie qu’il a menée, Jean-Yves Labat de Rossi pourrait mettre un paquet de scénaristes au chômage. Jugez-en par vous-même. Élève au petit séminaire, musicien « nez au vent », élève aux Beaux-Arts de Paris, musicien à Londres puis aux États-Unis où il sera le seul Français membre à part entière d’un groupe de rock américain, pionnier des synthétiseurs, ambianceur en Ouganda, producteur de musique sacrée à Notre-Dame de Paris, cofondateur du label de musique classique Ad Vitam. Et maintenant, écrivain. Alors qu’il vient d’attaquer l’écriture de son prochain livre, Jean-Yves Labat de Rossi a pris le temps de nous livrer sa sélection. Et nous en sommes ravis. Cerise sur le gâteau, il sera l’invité de l’émission À voix nue sur France Culture, à partir du lundi 17 juin.
Dimanche 9 juin, quelques 360 millions d’électeurs pourront glisser un bulletin dans une urne afin de choisir leurs députés. À cette occasion, c’est l’Europe de la Culture que nous avons voulu célébrer avec cette sélection exceptionnelle en quatre langues et en deux parties, des classiques comme des titres à (re)découvrir. Une vision subjective de la diversité et de la richesse des cultures des 27 États de l’Union. Bonne lecture à tous !
De la création de la CECA (Communauté européenne du charbon et de l’acier) en 1951, au Brexit en 2020, la Communauté européenne a connu bien des transformations, passant des six pays fondateurs (1957) aux vingt-sept États membres aujourd’hui. C’est pour renouveler (ou pas !) les 720 députés du Parlement européen (créé en 1979) qui représentent les 450 millions d’européens, que toutes les personnes en âge de le faire sont appelées à voter en juin. Comme tous ces chiffres manquent dramatiquement de poésie, c’est à l’Europe de la culture que nous avons décidé de consacrer cette sélection exceptionnelle de 27 œuvres, en deux parties (deuxième partie le 7 juin) et en quatre langues (nous avons fait le choix de laisser les références françaises pour les quelques titres non traduits dans les autres langues), sélection qui regroupe des classiques comme des titres à découvrir pour ouvrir en grand les portes de notre curiosité. Toutes nos sélections sont subjectives, celle-là encore plus que les autres !
Tous les ans, c’est la même histoire et tous les ans, on en redemande. On ? Les cinéphiles du monde entier qui, pendant dix jours, vivent au rythme de la présentation des films projetés en avant-première au festival de Cannes. Cette année, les sélectionneurs ont invité : des habitués de la Croisette (Woody Allen, Pedro Almodovar, les frères Dardenne, Ken Loach), une poignée de nouveaux venus, mais surtout ils ont ouvert la sélection aux films de genre avec pas moins de deux films fantastique-horreur-vampires. L’influence de George Miller, président du jury et père de Mad Max ? Premier tour de piste en attendant le début des festivités.
Les chauffeurs de taxi sont comme les barmen, les confesseurs ou les coiffeurs, on les paye pour un service, et en pourboire on leur laisse un morceau de nos vies. Calé sur la banquette arrière, à l’abri des regards, on se soulage d’autant plus librement qu’on ne recroisera jamais ces psys commis d’office. Ce confesseur de circonstance, qui connaît tous les recoins de sa ville, est une des figures qui a le plus irradié le cinéma et la littérature depuis l’invention du feu tricolore. Une figure qui nous a inspiré cette petite sélection subjective mais garantie sans émission de CO2. Vous avez un itinéraire préféré ?
Yan Lespoux s’est fait connaître en 2021 avec Presqu’îles, un recueil de nouvelles qui s’ouvrait sur cet incipit : “Le premier noyé de la saison, c'est un peu comme l'ouverture de la cabane à chichis, la première grosse pousse de cèpes ou la première gelée : ça rythme l'année.” Avec son premier roman Pour mourir, le monde, publié chez Agullo, il vient d’être récompensé du prix des Gens de Mer-Littoral. Par ailleurs grand lecteur de polar et de roman noir, c’est un des maîtres du genre, Hervé Le Corre, qui dit de lui : « Lui, il a un talent fou. » Coup de chance, Yan Lespoux a pris le temps de nous livrer sa sélection.
En 2022, Diadié Dembélé avait marqué les esprits avec son premier roman Duel des grands-mères. Avec Deux grands hommes et demi, Diadié Dembélé renverse la malédiction du deuxième roman avec un texte ambitieux dont le travail sur la langue sert au plus près son sujet, l’histoire de deux jeunes hommes passés d’une vie d’agriculteur pauvre dans un village du Mali aux foyers pour travailleurs et les centres de rétention en France. “Mieux, ce texte entérine l’éclosion d’un vrai écrivain, c’est-à-dire d’un romancier avec une identité, des obsessions, un style — bref, un monde.” Télérama. Après avoir signé son roman au dernier Festival du livre de Paris, Diadié Dembélé a accepté notre invitation, et nous en sommes ravis.
Élue surprise de la rentrée littéraire de janvier, Rousse, la renarde de Denis Infante, continue de faire du orange la couleur du moment. Alors que les études publiées récemment confirme que la courbe du nombre de lecteurs suit inéluctablement celle de l’évolution des glaciers, cette fable poétique, aussi roman d’apprentissage, un poil dystopique mais portant haut les couleurs de l’entre-aide, regonfle les poitrines de tous ceux qui croient au pouvoir de la littérature. En attendant que les courbes s’inversent (on peut rêver), Denis Infante nous a livré sa sélection, il a même pensé aux enfants !
Jeux du cirque, opium du peuple, chauvinisme, boycott, sponsoring, dopage… mais aussi beau geste, collectif, exploits, respect, solidarité, amateurisme… Suivant comment on le regarde (ou pas !), le sport charrie autant de raisons de s'y intéresser que de passer à côté. Si échapper à l'actualité sportive en temps normal relève déjà de l'exploit, en cette année olympique, à moins de vivre dans un désert ou au fond d’une grotte, cet exploit n'est même pas imaginable. Même en rêve. Alors autant en prendre son parti et regarder les choses bien en face, et en toute subjectivité. Une sélection à lire pour éviter les claquages.
Saturations, distorsions, voix d’outre-tombe, panoplie provocante,... avec son cortège de clichés, le metal, depuis une cinquantaine d’années, résiste à toutes les vagues. Après l’électro et le hip-hop, du 5 avril au 29 septembre 2024, la Philharmonie explore ce nouveau territoire, ses codes et la richesse de ses mythes. À rebours des caricatures, l’exposition dresse, pour la première fois en France, un tableau documenté de ce mouvement, où dialoguent musique, culture populaire, vision anthropologique et arts contemporains. Pour l’occasion nous avons invité Corentin Charbonnier, anthropologue et co-commissaire de l’exposition, à faire sa sélection. Pour prolonger votre amour des décibels, vous pouvez retrouver deux sélections que nous avons faites il y a quelques temps : Hellfest et Highway to metal. Des titres qui affichent la couleur !
Le 28 février dernier sortait Madame de Sévigné, d’Isabelle Brocard, film inspiré de la célèbre correspondance que Madame de Sévigné (1626-1696) a entretenue avec sa fille, une correspondance qui deviendra une des œuvres majeures de la littérature française. Si les technologies de communication ont peu à peu fait disparaître les lettres de notre quotidien, beaucoup de ces correspondances ont donné à nos bibliothèques des volumes dans lesquels ont peu replonger sans fin au gré de nos humeurs. Lettres d’amour, lettres de rage, correspondance au long cours, lettres dont on ne connaît pas les réponses, petits exercices d’admiration… notre sélection est variée mais subjective. Écrivez-nous pour nous dire ce que vous en pensez !
Cette année, la moitié de la population mondiale en âge de voter est appelée aux urnes. Élections présidentielles, législatives ou locales, si certaines sont indécises, d’autres on peut déjà donner les résultats. Par exemple. Les Russes seront appelés du 15 au 17 mars à élire leur président. Peut-on imaginer un instant que l’actuel président, à la tête du pays depuis vingt-quatre ans - dont quatre comme Premier ministre -, qui a fait modifier la constitution pour que le nombre de mandats consécutifs de président ne soit plus limité, qui a fait passer la durée de ces mandats à six ans, qui laisse à ses opposants la place d’un confetti dans un carnaval, peut-on imaginer que Vladimir Poutine ne sera pas réélu ? Comme la culture n’est au centre d’aucune de ces élections, vivelaculture a décidé de s’intéresser à elles. En toute subjectivité, bien entendu.
« Je n’ai jamais éprouvé le besoin de formuler, soit pour autrui soit pour moi-même, les principes de mon esthétique. Si j’étais tenu de le faire, je demanderais la permission de reprendre à mon compte les simples déclarations que Mozart a faites à ce sujet. Il se bornait à dire que la musique peut tout entreprendre, tout oser et tout peindre, pourvu qu’elle charme et reste enfin et toujours la musique. » — Maurice Ravel, Esquisse autobiographique, 1928. Presque cent ans après sa création, et alors que sort le film d’Anne Fontaine Boléro, l’envie nous a pris de cette sélection. Rythmée, mais subjective.
Quatre ans après la sortie du premier volet, sort sur les écrans la suite de l’adaptation par Denis Villeneuve du roman de Frank Herbert. Avec ce deuxième volet, Denis Villeneuve semble avoir vaincu la malédiction qui a frappé toutes les tentatives d’adaptation précédentes. Peut-être aussi les techniques numériques de production permettent-elles de donner, aujourd’hui, toute son ampleur à cette saga fleuve. Nul doute aussi que l’impact de films comme 2001 : L'Odyssée de l'espace ou Star Wars a modifié le regard des producteurs et les attentes du public. Petit tour de la question en douze références. Un choix subjectif, épicé mais subjectif !
Comme le Festival de Cannes ou les vœux du Président, le Salon de l’Agriculture marque une année. Mais nul doute qu’après les manifestations de janvier le passage obligé des politiques à cette 60e édition ressemblera, pour beaucoup, à un numéro d’équilibriste. Quoi qu’il en soit, on peut prévoir que la plus grande ferme de France va encore attirer près de 1% de la population qui a le goût de la nature et la nostalgie d'une France jadis majoritairement agricole, mais une population aussi préoccupée par les questions de sécurité alimentaire, d’environnement, des territoires épuisés par l'agriculture intensive ou des traditions en voie de disparition. Bref, le Salon n'a pas fini d'alimenter les débats...
En une dizaine de livres qui brouillent les frontières entre roman, récit et documentaire, Joy Sorman explore des univers à chaque fois différents pour provoquer l’étonnement des lecteurs. Dans une Masterclasse donnée sur France Culture, Joy Sorman déclarait : “ Plus j’écris, plus pour moi, l’écriture est une expérience de l’altérité, d’une poussée hors de mon genre, de ma classe sociale, de mon univers esthétique, culturel. Je cherche à me décentrer, à trimballer mon corps dans des milieux qui ne me sont pas familiers. C'est-à-dire à vivre des aventures et des expériences qui sont tout à fait inhabituelles à mon corps. ” Le Témoin, son roman sorti tout récemment, nous plonge au cœur du palais de justice de Paris. A cette occasion, Joy Sorman nous a livré sa sélection.
Manu Chao (la figure de proue de la Mano Negra) a dit au cours d'une interview qu’un tee-shirt de Bob Marley était plus efficace qu’un gilet pare-balles pour traverser les quartiers chauds de la planète. Alors que sort sur les écrans un biopic hollywoodien sur le grand Bob et qu’arte diffuse un documentaire beaucoup plus intéressant sur le même sujet, Robert Nesta Marley pour l’état civil, Bob Marley pour des centaines de millions de personnes à travers le monde, aurait fêté ses 79 ans le 6 février dernier si, en 1981, un méchant cancer n’en avait pas décidé autrement. Jah Love!
Autrice précoce avec un premier roman, Le Voleur de vie, publié à 16 ans, poétesse, marathonienne, Cécile Coulon vient de marquer ce début d’année avec La Langue des choses cachées, un roman (son neuvième) dont on aurait pu deviner les germes dans une interview donnée à Libération en 2020 : «Oui, je porte plus de fantômes en moi que d'expériences. Mais si je suis hantée, c'est dans le sens positif. Je le suis par les voix, les histoires, les paysages de ceux qui nous ont précédés. Je suis à la tête d'un troupeau de fantômes, mais ils ne me mènent pas.» Elle rassure. «La maturité qu'on me prête tient au fait que je sais écouter ces voix d'avant et sais me taire pour les écrire.»